Ville de Fes

Fès – Fez : Athènes du Nord, grande gardienne des traditions, Fès est le contrepoint de Marrakech, en quelque sorte l’envers de la médaille. Si Marrakech est festive, extravertie, et montre la sensualité du désert tout proche et la présence africaine, Fès est secrète, discrète, religieuse, intellectuelle, et s’attache à toujours se regarder dans son passé andalou.

De plus, à Marrakech les traits africains sont évidents, celle-ci conserve encore son empreinte andalouse non seulement dans les bâtiments mais aussi dans sa musique appelée Andadusí, la musique classique par excellence au Maroc, ou dans les physionomies d’origine andalouse indubitable qui y vivent.

Cependant, le style hispano-marocain de Fès sera le modèle à suivre dans tout le Maroc jusqu’à aujourd’hui. Depuis des temps très anciens, de grands hommes politiques ont émergé de cette ville, (encore aujourd’hui), qui régissent les destinées de tout le royaume.

Selon la tradition, Fès (« Fâs » en arabe vient de « fas », pioche, car selon la tradition les tribus berbères nomades ont donné cette pioche au sultan pour tracer le périmètre des premières murailles.

Fès est la ville qui conserve la plus ancienne, la meilleure médina de tout le Maroc, la plus impériale des villes impériales, la plus ancienne capitale marocaine, celle qui conserve le meilleur artisanat de tout le royaume, Fès est le cœur du Maroc. Ces titres suffisent à la placer au niveau qu’elle mérite, niveau également reconnu par le magnifique titre de sa médina déclarée patrimoine culturel par l’UNESCO.

Fès a été fondée en 808, alors que le Maroc venait d’être converti à l’islam par Idris II, sultan de la première dynastie marocaine, la dynastie des Idrissides.

Au XIIIe siècle, elle redevient la capitale marocaine avec les Mérinides qui la dotent d’un de ses signes d’identité, les madrasas (écoles coraniques), et enfin au XIXe siècle. Elle redevint la capitale du Maroc jusqu’à ce qu’elle soit définitivement détrônée en 1912 par le général français Lyautey pendant le protectorat au profit de Rabat.

La ville est divisée en deux parties principales, Fès el Bali (l’ancienne) et Fès el Jedid (la nouvelle). Fès el Bali est précisément le quartier des Andalous, appelés à tort les Andalous car à cette époque l’Andalousie n’existait pas encore, mais al-Andalus. Avec la conquête chrétienne du territoire musulman de la péninsule ibérique, de nombreux musulmans furent exilés de l’actuelle Espagne et du Portugal et s’installèrent dans cette ville et plus précisément dans le quartier du même nom qu’ils fondèrent. C’est dans ce quartier que se trouve la célèbre mosquée des Andalous.

Dans un autre quartier voisin qui a été formé par des personnes venant de l’actuelle ville tunisienne de Kairauan, le quartier du même nom, ils ont fondé le meilleur édifice de la ville la grande mosquée de Qaraouiyyin centre religieux mais aussi de formation intellectuelle, la plus ancienne en Occident avant toutes les universités européennes, avec une bibliothèque de plus de 30.000 livres cette mosquée est la plus grande du Maroc. La mosquée conserve une belle cour d’ablutions qui s’inspire directement de la cour des lions de l’Alhambra.

Bientôt Fès devint trop petite et dut s’agrandir avec de nouvelles murailles, des madrasas et des souks, ce sont les Mérinides au 12ème siècle qui fondèrent Fès el jadid (la nouvelle), et à partir du protectorat au sud de Fès el jadid se développa la ville coloniale au 20ème siècle. Un autre événement dont Fès peut être fière est qu’elle conserve le « marestan » (hôpital psychiatrique) Sidi Frej du XIVe siècle qui est le plus ancien hôpital psychiatrique du monde, Fès c’est aussi le grand centre artisanal avec les meilleurs artisans de tout le pays avec de magnifiques œuvres en céramique avec son émail bleu réputé, ses œuvres en cuir, en laiton, en bronze, en bois, les fameux tapis, etc.

Comme on pouvait s’y attendre, elle contient d’importants monuments, mais le meilleur de tous est son ancienne médina, qui, comme le souligne l’écrivain Juan Goytislo, est un véritable plaisir « médinéaire », ce qui signifie se promener dans ses ruelles et ses souks, et qui vaut la peine d’être vue, outre la mosquée Qaraouiyyin, la mosquée des Andalous, les tombes de la dynastie des Benimerí sur un monticule entre des oliviers du XVIe, malheureusement en mauvais état, mais avec de belles vues sur la ville, Bab Gissa, porte Almohade du XII, la très célèbre rue principale (Talaa Kibera) le quartier mondialement connu des tanneurs de peaux, et là où Fès se distingue particulièrement c’est en étant une ville avec de nombreuses madrasas (écoles coraniques) toutes postérieures au XIIe siècle et qui continuent la grande tradition architecturale andalouse particulièrement intéressante est la madrasa Es Sahrij.

Enfin, sur le plan architectural, Fès possède un édifice considéré comme patrimoine mondial par l’UNESCO : le « funduc » (auberge en français) le Nejjarin du XVIIIe siècle est une belle bâtisse abritant au premier étage l’espace pour le fardeau et les marchandises, et à l’étage supérieur les chambres d’hôtes.

Enfin, chaque année se déroule dans sa médina le très justement reconnu festival international de musique religieuse avec des participants venus de toute la planète qui présentent leurs différentes traditions musicales aux racines spirituelles.

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